Isis et le nom secret de Rê

Publié le par Harmonie

Isis, j'écris cet article pour toi...

Vous connaissez tous j'en suis sûre, Isis, la déesse sage et mystérieuse, soeur et épouse d'Osiris, la veuve, et mère d'Horus.
Mais il fut un temps où Isis la magicienne n'était pas si sage... où elle souhaitait apprendre tous les Secrets de l'Univers.
Ce mythe s'inscrit dans la tradition de l'Enneade d'Héliopolis, où Rê (en tant que facette d'Atoum, le principe créateur) est le démiurge.

En ce temps-là, les dieux vivaient sur la Terre, parmi les hommes. Rê, dieu créateur, le Soleil, était aussi Pharaon. Les dieux maîtrisaient la magie, et la jeune déesse Isis était la magicienne la plus accomplie. Elle connaissait tout ce qu'il y a sur Terre et dans le Ciel.
Mais sa maîtrise était encore incomplète, car pour maîtriser vraiment une chose, il faut connaître son nom secret, son nom véritable. Or l'Univers ayant été créé par Rê, pour connaître ses secrets, il fallait connaître le véritable Nom de Rê.

Qu'à cela ne tienne, la curieuse déesse va alors mettre au point un stratagème pour obtenir ce Nom. Elle connaissait parfaitement les habitudes de Rê, qui tous les matins allait visiter la terre d'Egypte, en glorieux équipage, pour admirer sa création et aider les hommes.
Mais Rê était un dieu vieillissant, et il lui arrivait parfois de laisser tomber un peu de sa salive sur le sol...
Isis ramassa soigneusement un peu de cette salive, ainsi que la terre sur laquelle elle était tombée. Elle pétrit le tout entre ses mains pour lui donner la forme d'un serpent, qu'elle plaça sur le carrefour par lequel passait Rê chaque jour.
Le lendemain, quand le Soleil, suivi par les autres divinités, partit pour sa promenade quotidienne, il ne vit pas le serpent, car sa vue s'était affaiblie. Celui-ci le mordit alors cruellement au talon, et regagna ensuite le Nil, sa mission magique accomplie.

Le poison se répandit rapidement dans le corps du dieu, qui effondré au sol appelait ses compagnons à son aide.
"Approchez,  vous qui êtes venus à l’existence de mon corps et son corps, dieux qui êtes issus de moi, afin que je vous fasse connaître ce qui m’est arrivé. Une chose douloureuse m’a mordu. Mon cœur ne la connaît pas, mes yeux ne l’ont pas vue, ma main ne l’a pas faite ; je ne reconnais en elle aucun des éléments de ma création. Mais je n’ai jamais ressenti une souffrance comme celle-là, aussi pénible à supporter. J’ai beaucoup de noms et beaucoup de formes ; mais j’ai caché en mon corps mon nom secret, de peur qu’un pouvoir fût donné à un magicien contre moi. Ce que je ressens, ce n’est pas le feu, ce n’est pas l’eau, mais mon cœur brûle, mon corps tremble et mes membres ont froid. Que mes enfants, les dieux, me soient amenés, ceux qui savent les formules magiques et dont la connaissance atteint le ciel."

Isis vint avec les autres, image même de l'innocence...
Mais tous les sortilèges qu'ils tentèrent échouèrent.
Alors Isis demanda au dieu son nom, "car un homme revit quand il est appelé par son Nom."

En guise de réponse, Rê récita la longue litanie des noms qui lui avaient été accordés...
"Je suis celui qui a fait le ciel et la terre, qui a lié les montagnes et créé tout ce qui réside en eux. Je suis celui qui a fait l’eau. J’ai fait le taureau pour la vache, de telle sorte que la jouissance sexuelle vint aussi à l’existence. Je suis celui qui a fait l’empyrée et créé les mystères des deux horizons. Je suis celui qui fait venir la lumière lorsqu’il ouvre les yeux et amène l’obscurité lorsqu’il les ferme. Je suis celui qui a fait venir à l’existence les heures et les jours, je suis celui qui a établi la répartition des fêtes de l’année. Je suis celui qui a fait le feu de la vie."

Mais cela n'empêcha pas la brûlure du poison, car son nom secret n'était pas dans la liste.

Isis, qui décidemment ne savait pas que le chantage est immoral (ou qui avait sciemment décidé de faire comme si elle l'ignorait) reprit alors : "ton nom secret n'est pas parmi ceux que tu m'as dit. Dis-le-moi donc, et le poison sortira de ton corps".

Rê hésita encore (livrer son nom, c'était aussi livrer son pouvoir sur l'Univers) mais il finit par céder, à la seule condition qu'Isis soit seule à l'entendre.

"Approche toi de moi, ma fille Isis, de telle sorte que mon nom passe de mon corps dans ton corps sans que personne d'autre ne puisse l'entendre."

Ainsi fut fait, et dès qu'elle fut en possession de la Connaissance, Isis délivra son père divin de son supplice.

Elle devint alors Isis, la grande magicienne, qui connaît Rê par son nom, dépositaire de toutes les puissances de l'Univers, Gardienne du Secret. Elle ne divulgua jamais la connaissance qu'elle avait acquise par la ruse, si ce n'est - selon certaines versions - à son fils Horus.

Il faut croire que la Connaissance l'a assagie car elle devint alors l'incarnation même de la Sagesse.

(cette légende provient d'un papyrus daté de 1250 avant J.C)

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G
Il y a une chose de fondamentale dans tout cela, c'est encore une fois le pouvoir du Nom. En lisant cela, je ne peux m'empêcher de mettre en lien le pouvoir du son, de la musique, du Verbe, de la Parole et la Connaissance du nom secret de toute chose.<br /> <br /> "Nommer une chose c'est la faire exister", n'est ce pas ?<br /> <br /> Au delà de ça, il a aussi "Au commencement était le verbe"<br /> <br /> Et n'oublions pas non plus les kabbalistes ( les vrais, pas les américanos en quête de... de quoi déjà ? ), qui cherchent inlassablement le vértable nom de Dieu (en tant que Yahvé _ un de ses multiples noms) dans les multiples permutations des lettres qui le constituent...<br /> <br /> Il faut de plus spécifier (et je pense que ce qui vient d'être dit nous ramène directement à cette tradition) que leq pharaons d'Egypte possédaient plusieurs noms, dont un secret, qui était connu uniquement du grand prêtre d'Amon-Rê et de lui-même...<br /> <br /> En bref, beaucoup de choses se recoupent, merci donc chère Harmonie d'avoir ajouté une pièce au puzzle de mon Esprit !<br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> Gnosis
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H
Tu ne connaissais pas cette légende ? Elle est pourtant relativement connue...
J
Ah les serpents, encore et toujours les serpents comme outils maléfiques... Je ne connaissais pas l'histoire mais elle m'apporte une preuve de plus que les mythologies se ressemblent. Voilà qui m'eloigne encore un peu plus du christianisme.
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H
Je ne sais pas si on peut dire les serpents maléfiques. Les serpents mènent à une Connaissance qui aurait dû rester l'apanage d'une ou de plusieurs divinités, soit... Mais dire que cette Connaissance est mauvaise, je ne m'avancerai pas jusque là.
D
Bonjour, et interressant votre blog. Je vous propose, quand à moi, de découvrir une théorie sur l'univers, via mon blog, qui bouscule les idées reçues!<br /> Bonne continuation,<br /> Denis
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H
Votre blog est intéressant de prime abord, mais il me faudra un peu plus de temps pour l'apprécier à sa juste valeur.
G
Moi qui ne suis pas toujours sage, je peux ici m'inspirer un peu et tenter de renverser la donne. Rires. Ghislain. Je viens de chez Fred qui t'a présenté et dont tu t'es exprimée avec beaucoup d'aisance.
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H
Il est très sympa ton blog. Je découvre tes poésies...SLB va me permettre de faire la connaissance de plein de gens passionnants ! Merci Fred !
M
Harmonie,<br /> C'est aujourd'hui ton SLB. J'espère que ça t'amènera de nouveaux lecteurs.<br /> @mi K'Lment
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H
Merci beaucoup, je vais tout de suite aller voir.