Histoire du mot "architecte", VI

Publié le par Harmonie

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C'est dans le contexte de la Renaissance, une redécouverte passionnée de l'antiquité (romaine, en particulier) que le mot architectus se remit à désigner un métier, magnifié, celui d'architecte.
C'est l'époque de la redécouverte des dix livres de Vitruve (De architectura) et de l'écriture du traité d'Alberti (De re aedificatoria). Les penseurs de la Renaissance projettent dans les textes antiques leurs propres interprétations, mathématiques, philosophiques, politiques, leurs rêves et idéaux...
Selon Vitruve l'architecte devait connaître un peu de tous les arts (par exemple la musique pour vérifier que les balistes étaient correctement tendues...). Pour les hommes de la Renaissance, l'architecte doit être un savant total, l'incarnation même de l'humaniste, et la musique qu'il doit connaître devient celle des Sphères... D'après Alberti, l'architecte est celui "qui au terme d'une réflexion et par une méthode sûres et dignes d'admiration est capable de concevoir et de réaliser une oeuvre" (qui certa admirabilique ratione et via tum mente animoque diffinire tum et opere absolvere didicerit).

Cette réinterprétation du métier d'architecte (passant du technicien, de l'ingénieur maître-d'oeuvre au savant) n'aurait pu se faire sans les connotations religieuses notamment dont s'était progressivement chargé le mot.

Alberti établit la distinction entre l'architectus et le faber, "la main de l'artisan sert d'instrument à l'architecte" (fabri enim manus architecto pro instrumento est).

Vers cette époque, et pour la première fois, le mot passera dans les langues vernaculaires au lieu de rester un terme savant et latin...

Publié dans Architecture

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J
C'est intéressant comme conception. L'architecte est un bâtisseur et pour bâtir, il faut connaître. L'architecte devait donc être très important pour une société. Le prestige et la fortune (dans tous les sens du mot) devaient leur être assurés. Celui qui bâtit la pensée est donc capable d'adapter ces principes aux constructions de pierres. Sans oublier les prêtres, bien sûr. En même temps, l'Eglise pourvoyait les plus gros chantiers de l'époque, c'était donc normal qu'elle s'immisce dans la formation des employés.<br /> Je regrète vraiment ne pas avoir lue ces articles plus tôt.
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H
<br /> <br /> Euh... hormis les savants de la Renaissance, qui étaient effectivement assez considérés, les autres...<br /> Si Vitruve a écrit son traité, c'est parce qu'il avait besoin d'avoir une retraite, parce qu'il ne gagnait pas suffisament pour mettre de l'argent de côté. En dédiant son livre à Auguste, il<br /> espérait recevoir une pension.<br /> Si j'avais voulu gagner de l'argent, sincèrement, j'aurais choisi une autre voie.<br /> <br /> <br /> <br />